Coïncidence ?
Il est près de 3 hrs du matin, on est samedi et la soirée a été longue. Le party ne semblait pas battre à son plein, en tout cas, c’est ma perception. En sortant pour se rendre à l’auto, il fait froid et il y a une fine pluie qui se fait miroiter par un vent d’une violence impressionnante. Pour faire changement, des gars se battent, rendant encore plus difficile le passage sous le porche du club pour se rendre à la voiture.
J’ai hâte de rentrer chez moi avec namour mais avant je dois aller reconduire un ami chez lui. Je prend alors la direction inverse du trajet de mon appartement. Quoique mon taux d’alcoolémie doit être légèrement supérieur à la marge permise, jamais je ne laisserai marcher un bon chum sous cette température merdique.
Dix kilomètres plus tard, je reviens exactement par le même trajet. Les routes sont désertes pour un samedi, tout le monde semble avoir eu mon idée que de finir la soirée assez brusquement. Mon trajet me refait passer devant le club. Un kilomètre plus loin, je perçois une âme qui vive sous cette température, un gars. Il marche contre le vent tout en zigzagant, peut-être un moyen de contrer les effet du froid mais je crois plutôt qu’il a quelques gouttes d’alcool en trop dans son système.
Jamais je n’ai embarqué quelqu’un, qu’il fasse du pouce ou non, mais ce gars faisait réellement pitié. Je demande à namour si je peux l’embarquer question de faire un petit geste dans ce monde si cruel. Namour hésite et me dit de seulement ralentir à coté du mec, question de voir si ce n’est pas Chucky ou un de ses acolytes. Elle me permet alors de m’arrêter pour l’embarquer après avoir constaté qu’il n’avait pas de tronçonneuse cachée sous son manteau.
Stationné sur l’accotement pour attendre qu’il soit à notre hauteur, je me tourne pour juger le mec de mes propres yeux. Merde alors, ce gars saoul d’une allure piteuse est mon frère. Que la vie fait bien les choses. Je le ramène alors à la maison me bidonnant royalement de son état, sans oublier de m’arrêter au bord de la route quelques fois pour qu’il puisse soulager son estomac. Sans mon intervention, il aurait marché près de dix kilomètres seul, en supposant qu’il se soit rendu.